PREMIUM TRAVEL TV. FR

Webzine du Patrimoine en France & à l'International

Le bassin minier du Nord Pas de Calais est candidat à une inscription sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Unesco

Texte et photos Eric BAHARI, publié le 14 juin 2012


Parmi les 36 dossiers de candidature présentés en 2012, le bassin minier du Nord Pas de Calais est le seul dossier français. Dans la catégorie « Paysage culturel évolutif vivant » il répond parfaitement aux critères de l’Unesco, à savoir l’exceptionnalité, l’universalité et le plan de gestion à long terme.

 

C’est l’Association Bassin Minier Uni qui est à l’origine de ce projet. Avec à sa tête, Jean-François Caron, Maire de Loos-en-Gohelle, une des principales communes minières du bassin minier du Nord Pas de Calais. Il faut lui demander de vous emmener découvrirles terrils pour voir non pas une montagne noire et désolée qui gâche le paysage, mais au contraire un lieu de vie.

 


Un terril © Eric Bahari

 

Ce passionné de faune et de flore vous montrera le « cabaret » une plante dont les feuilles servent d’abreuvoir aux oiseaux. La « cardère », utilisée pour carder la laine ou le « poivre des murailles ».

 


Une fleur de cardère sauvage © Eric Bahari

 

Si on se laisse habiter par ces lieux qui ont une âme,lesterrilsse transforment en pyramides, c’est d’ailleurs le logo de l’association. Les chevalements, Structures métalliques qui servaient à descendre et remonter les mineurs, deviennent « des cathédrales de brique et de fer ».

 


Les chevalements d’Arenberg © Eric Bahari

 

D’autres noms, sont moins poétiques, commela « salle des pendus »où les mineurs se changeaient avant de descendre dans la mine. Ce terme vient des centaines de crochets suspendus au plafond dont ils se servaient pour accrocher leurs vêtements.

 


La salle des pendus © Eric Bahari

 

Il fallait toute la motivation et l’énergie de Jean-François Caron et 10 ans de travail, afin de présenter un dossierde1800 pages qui défend les valeurs du bassin minier du Nord Pas de Calais. Il ne faut pas oublier, qu’il n’y a encore pas si longtemps, il y a eu une époque de rejet des paysages miniers. On voulait tout détruire et faire fi de3 sièclesd’histoire. La première découverte du charbon dans cette région date de1720. Cette histoire de la mine a marqué tant de familles et connu tant de drames. Si vous avez la chance de rencontrer un mineur et qu’il vous accorde sa confiance, alors il vous contera des aventures vécues dans les entrailles de la terre. Il vous parlera avec pudeur et simplicité d’une vie très dure. La majorité desmineurs commençait à travailler à l’âge de12 ans, où pour gagner ses galons, il fallait aller à « l’avancement » c’est à dire creuser la roche avec des marteaux piqueurs dans le bruit, la chaleur et la poussière pendant 8 heures. Il vous parlera de solidarité entre mineurs et des copains morts dont on noud la cravate avant un dernier adieu.

Car la mort est omniprésente dans les mines. On ne peut pas oublierlacatastrophe de Courrières qui a fait 1099 morts en 1906. Rare étaient les mineurs qui pouvaient enfin aspirer à une retraite bien méritée, car lorsqu’on échappait aux accidents, on mourrait souvent de maladies pulmonaires dues à la silicose, parfois avant d’atteindre 40 ans.

 


Mineurs (1960-1970) Collection-Centre-Historique-Minier

 

Comme pour rendre hommage à ces « bâtisseurs de montagnes », les sites miniers retrouvent une seconde vie. À Loos en Gohellele site s’est reconverti dans le développement artistique et culturel avec « la Fabrique Théâtrale »Arenberg, ancienne mine, lieu de tournage du film Germinal, sera demain un territoire de recherche dédié aux activités audiovisuelles et aux médias numériques. À Lewarde, on trouve le centre historique minier qui est le plus important musée de la mine en France. L’ouverture du Louvre-Lens, qui accueillera les collections du Louvre, à partir du 4 décembre 2012, le jour de la Sainte Barbe, patronne des mineurs, est un atout supplémentaire pour la candidature auprès de l’Unesco.

 

 


La Fabrique Théâtrale à Loos en Gohelle © Eric Bahari

 

On comprend maintenant les raisons qui ont poussé l’Association Bassin Minier Uni à porter ce dossier devant l’Unesco. C’est avant tout un besoin vital de redonner confiance à ce territoire pour se projeter dans l’avenir. C’est accepter son histoire et se l’approprier. Enfin et surtout c’est une histoire humaine. Résultat attendu entre le 24 juin et le 6 juillet 2012.

 

Pour plus d’informations, consultez le site du BMU : http://www.bmu.fr