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EXPOSITION 

LA HAINE DES CLANS, GUERRES DE RELIGION (1559-1610)

MUSEE DE L'ARMEE, INVALIDES, PARIS

DU 5 AVRIL AU 30 JUILLET 2023

© Texte et photos Eric Bahari, publié le 4 avril 2023



Mousquet à mêche, vers 1615, Amsterdam


Le musée de l’Armée présente une exposition consacrée à l’histoire des guerres de Religion de la mort accidentelle d'Henry II en 1559 à l'assassinat d'Henry IV en 1610.


La seconde moitié du XVIe siècle constitue la « part sombre » de la Renaissance, marquée en France par les querelles religieuses, les troubles civils et une profonde remise en cause du pouvoir royal : un âge de désordre et de déraison, qui, en quarante ans et huit guerres de Religion, va embraser le royaume en une succession d’affrontements, de répressions, de scandales et de massacres, bouleversant l’équilibre du pays de façon inédite.

C’est aussi un moment-clef de l’histoire nationale, peut-être la plus grave crise subie par l’Ancien Régime avant 1789 : elle a marqué de manière indélébile notre mémoire et l’imaginaire collectif, notamment par une frénésie nouvelle de violences, qui trouvent leur paroxysme dans l’épisode sanglant de la Saint-Barthélemy.



Le parcours retrace ainsi les troubles effrénés qui ont divisé le royaume entre la mort accidentelle d’Henri II, en 1559, et l’assassinat d’Henri IV, en 1610, signant la fin du règne d’un souverain pacificateur et promulgateur de l’Édit de Nantes, mais également victime, comme son prédécesseur, d’un régicide.

L’un après l’autre sont convoqués tous les grands acteurs de l’époque, dont les armures sont conservées dans les collections du musée de l’Armée. De la Ligue, « ultra »-catholique, menée par les Guise au clan protestant conduit par les Condé, en passant par le parti plus modéré des Montmorency, les rivalités aristocratiques et politiques se mêlent aux conflits religieux.

Pièces d’équipements guerriers, portraits, documents d’archives et ouvrages anciens font revivre les destins et les cheminements individuels des grands courtisans, chefs de guerre et chefs de parti, qui ont tour à tour soutenu ou combattu le pouvoir monarchique. L’exposition évoque aussi l’écho international rencontré par ces guerres de Religion, de la Pologne aux Pays-Bas et jusqu’aux éphémères colonies du Nouveau Monde.

Par bien des aspects, ce moment exacerbé de notre Histoire entre singulièrement en résonance avec notre réalité contemporaine, non seulement dans ses mécanismes sous-jacents mais aussi dans ses représentations, notamment à travers l’intense production d’images, de pamphlets, de placards qui en fait le premier conflit médiatique de l’Histoire.

L’exposition offre ainsi l’occasion de s’interroger sur la place de l’image et de la rhétorique dans les conflits, sur la marche de notre société en temps de guerre civile, sur les enjeux et les limites de l’action politique, ainsi que sur la longue maturation de l’État. Car c’est aussi au cours de cette période complexe que se sont inventés, douloureusement, la tolérance, le vivre-ensemble et nos formes modernes de gouvernement.


Armure du Connétable Anne de Montmorency, vers 1550

 

Portrait d'Henry IV en pied, fin XVIIe-début XVIIIe siècle, Anonyme


Ce tableau montre Henry IV en pied, vêtu à la fois d'une armure et du manteau de sacre fleurdelysé, portant le collier de l'ordre du Saint-Esprit, tel qu'il l'a fait modifier (trophées militaires, H environnés de couronnes et fleurs de lys, entourés de flammes).

Henry IV réaffirme ici par sa gestuelle et sa posture le pouvoir monarchique, bientot absolu.


Site offciel du Musée de l'Armée : https://www.musee-armee.fr


Edit de Nantes, 30 avril 1598


Dès son accession au trône, Henri IV est en butte à une très vive opposition intérieure et doit partir à la reconquête de son royaume et de ses sujets. Sa lutte passe par les armes et une propagande intensive.

Cependant, le roi compte davantage sur les négociations et les concessions pour ramener ligueurs et anciens ennemis dans le parti royaliste.

Signé le 30 avril 1598 par Henry IV, l'édit de Nantes est le résultat d'âpres négociations avec les protestants.

Dans ce texte, la liberté de conscience est reconnue, celle du culte, bien que limitée, est, elle aussi, établie pour les réformés, auxquels sont attribuées plusieurs places fortes dans le royaume.

L’édit de tolérance de 1598 n’est cependant qu’un éphémère répit          dans la longue confrontation de la monarchie catholique avec les protestants.

La césure définitive entre le politique et le religieux, entre l’État et la foi, est accomplie par la loi de séparation de 1905, toujours en vigueur aujourd’hui.