Arras, Ville martyre
Texte et photos Eric Bahari, publié le 28 avril 2014
Placée prêt de la ligne de front, Arras a été soumise à des bombardements intenses de 1914 à 1917. Entièrement détruite, Arras devient une ville martyre. Les monuments classés, le beffroi, l'hôtel de ville et les facades de style baroque flamand des maisons ont été reconstruites à l'identique, permettant à Arras de retrouver sa splendeur architecturale passée.
L'Hôtel de Ville
Des géants gigantesques sont dressés dans le hall de l'Hôtel de Ville. Colas, Jacqueline et Dédé représentent une famille de maraichers du XVIème siècle. Ils donnent la dimension de la grandeur d'Arras dès le moyen-âge. Ils sortent une fois par an lors de la fête des "jouteurs" chaque 14 juilllet.
Les géants Jacqueline, Colas et Dédé dans l'hôtel de viile © photo Eric Bahari L'hôtel de ville © photo Eric Bahari
A l'intérieur de l'hôtel de ville, une peinture murale présentent les différents métiers qui ont fait la réputation d'Arras. La tapisserie appelée "arazzi" en Italien, donne son nom à la ville. Faites de fil d'or, de soie et d'argent, les tapisseries d'Arras sont célèbres dès le XVIème siècle. Charles de L'Ecluse, également représenté dans ce tableau, né à Arras, grand botaniste du XVIème siècle, a introduit la tulipe et la pomme de terre en Europe. Au XVIIème se développe la dentelle à la main et voit l'apparition de la porcelaine peinte au bleu de cobalt.
Peinture murale représentant les célèbres métiers d'Arras © photo Eric Bahari Peinture d'Hans Bauer, à gauche la ville épiscopale, à droite la ville marchande © photo Eric Bahari
Jusqu'au XVIIIème siècle, Arras était séparée par un rempart. D'un côté se trouvait la ville épiscopale avec la cathédrale et de l'autre la ville marchande représentée dans la peinture d'Hans Bauer par la procession des échevins.
L'abbaye Saint-Vaast et le musée des beaux-arts
Ancienne abbaye royale, Saint-Vaast accueille aujourd'hui le musée des beaux-arts. On y retrouve notamment des collections médiévales, des tapisseries, des peintures des écoles flamandes, francaises et des porcelaines d'Arras du XVIIIème siècle. "La salle des Mays" présente plusieurs toiles offertes chaque 1er mai par les orfèvres parisiens à Notre Dame de Paris au XVIIème et XVIIIème siècle.
Abbaye de Saint-Vaast, musée des beaux-arts © photo Eric Bahari Tapisserie "Saint Vaast et l'ours" seconde moitié du XVème siècle
Louis Testelin "St Pierre réssucitant la veuve Tabitha" 1652, Porcelaine d'Arras © photo Eric Bahari
salle des "Mays" © photo Eric Bahari
La carrière Wellington
La bataille d'Arras qui s'est déroulée du 9 avril au 16 mai 1917 devait servir de diversion pour faciliter l'offensive francaise sur le "chemin des dames". On comptera 4 000 morts par jour parmi les troupes britanniques, canadiennes, australiennes, néo-zélandaises et terre-neuviennes pour gagner 12 km de front. La carrière Wellington fut creusée dans les anciennes carrières du moyen-âge par les tunneliers néo-zélandais.
Tunneliers néo-zélandais © photo Eric Bahari Grafiti d'un "Tommy" gravé dans la carrière © photo Eric Bahari
Ce réseau de galeries a permis à 20 000 soldats de se rapprocher des zones de combat en toute discrétion. Les soldats vivaient à 20 mètres sous-terre en attendant l'ordre d'attaquer. Les indications étaient peintes en noires comme la sortie n°10, une des sorties utilisée le matin de la bataille pour jaillir devant les tranchées allemandes.
Campement britannique © photo Eric Bahari Sortie n° 10 © photo Eric Bahari
Les commémorations de la 1ère guerre mondiale sont une excellente opportunité pour visiter et rendre hommage aux villes martyres. Arras a su retrouver sa place de ville historique et de nombreuses expositions et programmations culturelles s'échelonneront pendant 5 saisons mettant le patrimoine de la ville à l'honneur.