Deux aspects méconnus des Ardennes : La métallurgie et l’ardoise. Des siècles d’histoires industrielles à revivre aujourd’hui

Texte et Photos Eric Bahari, publié le 10 mai 2013

Les Ardennes, longtemps considérées comme un rempart forestier naturel contre les armées ennemies n’ont pas résisté aux divisions blindées du général Guderian scellant ainsi le sort de la France en 1940. La mémoire collective n’aurait pu garder que cet épisode de l’histoire des Ardennes mais des hommes passionnés ont mis toute leur énergie à valoriser ce département. Les Ardennes sont aussi une région dynamique avec des sites industriels et des métiers très qualifiés au savoir-faire ancien.

La métallurgie

Le Musée de la Métallurgie Ardennaise à Bogny-Sur-Meuse présente l’histoire des métiers du fer depuis le moyen-âge jusqu’à nos jours. Ce musée rassemble également des machines de l’époque de la clouterie, de la boulonnerie et retrace la vie des ouvriers métallurgistes.

Musée de la Métallurgie Ardennaise © Photo Eric Bahari

Le travail des métaux remonte à des temps immémoriaux. Les artisans utilisaient déjà les techniques de la métallurgie qui ont perduré au fil des siècles pour fabriquer des outils ou des armes.

Une forge avant la révolution industrielle © photo Eric Bahari

Grâce à l’apport de machines venues d’Angleterre ou des Etats-Unis, la révolution industrielle du 19^ème siècle a modifié les enjeux économiques avec l’augmentation de la productivité.

Machine mécanique à faire les clous © Photo Eric Bahari

Comme le souligne René Colinet, spécialiste de la métallurgie ardennaise : « De nouveaux métiers sont apparus : La clouterie mécanique, la boulonnerie, la fonderie de seconde fusion, la forge, l’estampage, l’emboutissage… remplaçant les activités anciennes ».

La travail n’était pas facile lorsqu’on était ouvrier à la « grosse boutique » mot familier utilisé à l’époque pour dire l’usine. On commençait à 15 ans dans le bruit assourdissant, la fumée et la chaleur, mais on était fier du travail accompli et du « coup de patte » qui faisait que l’on n’avait pas « blessé le métal ». Les entreprises étaient familiales. Le patron connaissait tous ses ouvriers qu’il logeait dans un ensemble de maisons identiques et contigües.

Maisons d’ouvriers à Bogny-sur-Meuse © Photo Eric Bahari

L’ardoise

L'exploitation de l’ardoise est une autre grande activité des Ardennes. Les mines ont été exploitées depuis le XIIe siècle, notamment par les religieux pour couvrir le toit des abbayes en remplacement des tuiles en bois. Les couleurs de l’ardoise varient en fonction du massif dont elle est extraite. A Rimogne, elle est bleue et grenue verte.

La Maison de l’Ardoise de Rimogne est située dans les anciens bâtiments de l’ardoisière la Grande Fosse. Ce musée met en avant l’histoire de l’extraction de l’ardoise (machines, outils et photographies de mineurs) et la vie quotidienne de l’ardoisier. A l’extérieur, le chevalement de la fosse Saint-Quentin surplombe un puits profond de 185 mètres quipermettait, à l'aide d'un ascenseur, de faire descendre et remonter les ardoisiers par groupe de douze.

Chevalement du puits Saint-Quentin © photo Eric Bahari

Le chevalement facilitait également la remontée des wagonnets d'ardoise depuis le fond.

Wagonnet d’ardoise © Photo Eric Bahari

Les ardoisiers, appelé « craboteurs » descendaient dans des puits profonds de 300 mètres. Les « moulineurs » mettaient les pierres dans les wagons. Les « routeurs » remontaient par des échelles les sacs de 50 kg. La journée de travail était rythmée par la sirène de l’usine « le gueulard » qui annonçait les poses mais aussi les accidents. Les dernières mines ont fermé en 1971. Aujourd’hui, l’ardoise est exploitée à ciel ouvert.

La maison de l’ardoise à Rimogne © Photo Eric Bahari

L’exploitation touristique

Dans un cadre bucolique le haut fourneau de Vendresse invite les visiteurs à découvrir un espace touristique autour des thèmes de la pisciculture et des techniques de la métallurgie du fer dans les Ardennes. Dans la halle à charbon, des galeries d’aquarium présentent 33 espèces de poissons. Le parc de 6 hectares avec ses 3 étangs permet de pêcher des truites, carpes ou esturgeons. Un spectacle de son et lumière retrace le travail du minerai de fer et la naissance d’une coulée de fonte par les ouvriers métallurgistes du 19^ème siècle dans le seul haut fourneau des Ardennes.

Autre lieu culturel et patrimonial très intéressant, le musée de l’Ardenne de Charleville-Mézières, situé sur la Place Ducale.

Ce musée rassemble des collections d’archéologie dont une grande collection de pièces de monnaie, despots de faïence de Nevers provenant de l’ancienne pharmacie de l’hôpital etdes armes de la manufacture royale. Le musée raconte également l’histoire de la terre de fer, de laforge, de la fonte et de l’ardoise évoquant les activités de l’industrie métallurgique.

Une autre preuve du dynamisme de la région est le projet de transformation de l’usine « La Macérienne ». Cette usine de fabrication de pièces automobiles tombait en ruine, lorsqu’un vaste projet de réhabilitation vit le jour. En effet, en 2016, « La Macérienne » sera un lieu de diffusion culturelle dédié à la musique avec un studio, une école de musique et une scène pour les spectacles.

Grâce à une forte tradition industrielle et un savoir-faire de qualité, le département des Ardennes a su valoriser son patrimoine historique et industriel en transformant d’anciens sites métallurgiques en des lieux culturels et touristiques. La richesse et la diversité de ce patrimoine qui fait la fierté et l’enthousiasme des Ardennais sont à découvrir.

Pour plus d’informations, consultez le site du Comité Départemental du Tourisme des Ardennes: http://www.ardennes.com

Pour vous rendre dans les Ardennes en train: http://www.voyages-sncf.com

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