EXPOSITION "LE GOÛT FRANçAIS DE LOUIS XIV A NAPOLEON III"
AU MUSEE DU DOMAINE DEPARTEMENTAL DE SCEAUX
© Texte et photos Muriel Deshayes, publié le 04 février 2021
Situé dans le château de Sceaux, en région parisienne, le musée du Domaine départemental de Sceaux existe depuis 1937. Il s'est d'abord appelé musée de l'Île de France et présentait les us et coutumes de cette région autour de Paris. Il est devenu musée du Domaine départemental de Sceaux en 2013. Le musée a été rénové en 2019 et a réouvert ses portes à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine, le 19 et 20 septembre 2020. Il présente aujourd'hui l'histoire du Domaine et de ses différents propriétaires. Le musée insiste également sur l'art de vivre à la française de Louis XIV à Napoleon III.
L'histoire commence en 1670 lorsque Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, devint propriétaire du Domaine.
Colbert fit transformer le châteaux et son parc par les plus grands artistes de son époque. André Le Nôtre, célèbre jardinier de Versailles, dessina les jardins à la française.
Antoine Coysevox, François Girardon et Jean-Baptiste Théodon réalisèrent les sculptures.
Charles Le Brun, premier peintre du Roi-Soleil, était en charge de la décoration intérieure du château.
Murs décoratifs peints dans le château de Sceaux
Le parc de Sceaux vu du château
Lorsque Colbert décéda en 1683, le Domaine fut repris par son fils ainé, le marquis de Seignelay, qui procéda à des aménagements visant à embellir la propriété. Le Notre creusa le Grand Canal et Jules Hardouin-Mansart construisit une Orangerie afin de présenter les oeuvres d'art du marquis.
Par la suite, le duc du Maine, fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan acquit le Domaine en 1700. C'est l'époque des fêtes somptueuses que l'on appela les "Grandes nuits de Sceaux" données par Louise Bénédicte de Bourbon (duchesse du Maine) en son château de Sceaux entre 1705 et 1753.
La propriété revint ensuite aux fils du duc et de la duchesse du Maine, le prince de Dombes et le comte d'Eu puis à leur cousin, le duc de Bourbon-Penthièvre qui ouvrit le jardin au public.
Le domaine devint ensuite "bien national" à la révolution. Il resta à l'abandon jusqu'en 1798 quand il fut racheté par un homme d'affaires, Hyppolyte Lecomte, qui rasa le château. Sa fille et son gendre, le duc de Trévise, entreprirent la restauration du parc et des jardins ainsi que la construction d'un nouveau château entre 1856 et 1862.
Le département de la Seine, appelé aujourd'hui département des Hauts de Seine, acheta le Domaine en 1923 en conservant la plupart des aménagements à l'exception du déplacement dans le parc de la facade du pavillon de Hanovre et de la construction de cascades art déco.
L'exposition permanente permet de visiter de nombreuses salles du château et d'apprécier l'art de vivre à la française de Louis XIV à Napoléon III.
- Le Grand salon qui servait de salle de réception
- La salle Colbert, ancien salon de billard des Trévise
- Le salon ovale et la céramique de Sceaux
- La salle Maine, ancienne salle à manger des Trévise
- La bibliothèque, ancien office commmuniquant avec la cuisine
- Le grand escalier qui menait autrefois aux appartements privés
- La salle Penthièvre décoré de très belles peintures
- La salle des deux châteaux, ancienne chambre à coucher de la duchesse de Trévise
- La salle Trévise où l'on peut admirer le portrait du duc de Trévise peint par Larivière
- La chambre Neuilly, ancienne chambre du duc de Trévise
- La salle des princes dans laquelle une table est dressée avec de la faïence de Sceaux
Panneaux aux enfants jardiniers de François Boucher et Alexis Peyrotte 1751 - 1757
Bureau à cylindre, seconde moitié du XVIIIème siècle
Salle Penthièvre
Quatre huiles sur toile de Claude-François-Théodore Caruelle d'Aligny (1798-1870)
La Chasse - Les Vendanges - Les Fruits - La Pêche
Deux chaises roses de Pierre-Benoît Marcion (1769-1840)
bois sculté et doré, vers 1808
Pianoforte de Jean-Guillaume Joseph Wetzels (1780-1858)
marqueterie de palissandre, vers 1834-1855
D'après François Girardon
Statue équestre de Louis XIV, seconde moitié du XVIIIème siècle
Salle Colbert
Faïences de la Manufacture de Sceaux, Salon ovale
Le musée possède également une collection exceptionnelle de céramiques composée d'environ 1 000 pièces fabriquées en Ile de France du XVIIème siècle à aujourd'hui.
Cette exposition est divisée en deux parties :
La première partie concerne les céramiques de la fin du XVIIème siècle au XVIIIème siècle. La céramique comprend différents types de pâte et technique :
- La porcelaine dure fabriquée à base d'argile blanche et pure.
Parmi les manufactures célèbres, celle de Meissen en Saxe utilisait cette technique.
- La porcelaine tendre faite avec du Kaolin.
Avant la découverte du Kaolin, les manufactures produisaient une porcelaine tendre et artificielle composée d'argile blanche et de silice, difficile à travailler. En 1768, un premier gisement de kaolin a été découvert dans les environs de Limoges, capitale de la porcelaine. L'utilisation du Kaolin est un progrès par rapport à l'ancienne méthode.
Asperges en céramique, Manufacture de Sceaux
Soupière et son présentoir, château de Sceaux
Assiette aux armes du duc et de la duchesse du Maine, XVIIIème siècle
Manufacture de Sceaux
La deuxième partie de la Galerie des céramiques propose de découvrir les productions du XIXème et du XXème siècle.
Jusqu'au début XIXème siècle, les céramiques étaient peintes à la main. Peu à peu, une production industrielle remplace ces céramiques en choisissant un décor imprimé sous émail.
Une céramique d'art concurence cette production industrielle avec notamment le travail du grès.
Visite théatralisée "La Perle de l'Ambassadeur"
A l'occasion de la réouverture du château pour les journées du Patrimoine le 19 et 20 septembre 2020, une visite théatralisée "La Perle de l'Ambasssadeur" a été organisée en présence de Georges Siffredi, Président des Hauts de Seine.
Les différentes scénettes ont été conçues par la Compagnie "La Petite Main".
La première scène se déroule en 1686 dans le contexte historique suivant : Le Roi Soleil veut installer un comptoir français en Asie afin de concurrencer le seul comptoir de commerce au Siam, celui des Provinces-Unies (actuel Pays-Bas) pays protestant et ennemi de la France catholique. Louis XIV reçoit donc la visite de l'Ambassadeur du Siam, Kosa Pan pour cette affaire.
L'année précédente, en 1685, le marquis de Seignelay, Secrétaire d’État de la Marine entre 1683 et 1690, dont on rappelle ici qu'il avait acquis le château de Sceaux à la mort de son père, le Grand Colbert, avait révoqué l'Edit de Nantes par l'Edit de Fontainebleau. La chasse aux protestants est à nouveau la règle dans le royaume.
Lorsque la piéce commence, un personnage imaginaire, François d'Arbaut, espion protestant à la solde des Pays-Bas rencontre le marquis de Seignelay au château de Sceaux et profite de l'entrevue pour dissimuler une croix huguenote et un document mystérieux dans la cheminée...
Les autres scènes se déroulent également dans les salons du château de Sceaux. Elles nous permettent de découvrir les propriétaires successifs et percer le mystère du document secret caché par François d'Arbaut en 1686 et dissimulé jusqu'à sa découverte en 1888.
Le duc de Seignelay interprété par Fabrice Bressolles face à François d'Arbaut (Michael Zito)
Site officiel du Domaine département de Sceaux :