La Nièvre ET LA LOIRE BOURGUIGNONNE
Texte et photos Eric Bahari, publié le 11 juillet 2014
La Nièvre mérite bien son ancienne devise "Vert pays des eaux vives". Son tourisme vert, son fleuve sauvage, son patrimoine historique et culturel, ses vins célèbres et sa gastronomie font partie des nombreux atouts de ce département situé en Bourgogne.
La Charité-sur-Loire
Les maisons aux toits pentus, les ruelles qui serpentent dans la ville historique, les remparts, le Prieuré et les églises font de cette cité médiévale et monastique une étape incontournable pour découvrir la Nièvre et la Loire Bourguignonne.
Le clocher Sainte-Croix (XIIe siècle), La Charité-sur-Loire Maison d'habitation insérée dans les bâtiments religieux, La Charité-sur-Loire
Notre-Dame de La Charité-sur-Loire : La prospérité
Le très puissant ordre de Cluny fonde le monastère de la Charité-sur-Loire en 1059. Notre-Dame de La Charité-sur-Loire est la 2ème plus grande église de la chrétienté après Cluny. Grâce à ses 7 chapelles, 7 messes peuvent être célébrées en même temps. Le monastère s'enrichit rapidement grâce aux terres données par les seigneurs. Les abbés ont alors plein pouvoir. Un évêque ou un seigneur ne peut rentrer sur les terres de l'abbaye sans autorisation. Situé sur la route royale Paris-Lyon, l'influence du monastère va devenir de plus en plus importante. Le Prieuré clunisien de La Charité-sur-Loire s'enrichit grâce aux donnateurs qui offrent des terres en échange des prières des abbés. Ce système économique très lucratif prendra fin à l'époque des constructions des grandes cathédrales au XIIe et XIIIe siècle.
Eglise Notre-Dame (XIe siècle), La Charité-sur-Loire Tympan de la transfiguration, La Charité -sur-Loire
Notre-Dame de La Charité-sur-Loire : Le déclin et la renaissance
Profitant d'un courant d'émancipation des populations urbaines en réaction contre la féodalité monastique et séculière, les évêques aidés par la monarchie vont reprendre le pouvoir sur les abbayes. Les finances royales vont faciliter l'élévation des nouvelles cathédrales à laquelle vont participer activement les populations des villes et les établissements religieux. Le pouvoir des "moines de coeur" disparait au profit de moines plus modestes. Ces derniers travaillent contrairement aux "moines de coeur" qui récitaient jusqu'à 150 psaumes par jour en échange de dons. En 1559, un incendie ravage la ville et l'abbaye, achevant son déclin. La Charité sera restaurée au XVIIIe siècle et le prieuré sera vendu comme Bien National à la révolution. L'intégration des maisons privées dans les bâtiments religieux date de cette époque. Depuis 1998, l'église est classée par l'Unesco "Patrimoine mondial de l'humanité au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France". Le label Ville d'art et d'histoire a été attribué à La Charité en 2011. En 2012, La Charité-sur-Loire devient "Centre Culturel de rencontre". Cette distinction exceptionnelle (15 sites en France) lui permet de proposer une programmation culturelle de très grande qualité.
Le cloître du Prieuré, La Charité-sur-Loire Vitraux contemporains de l'artiste new-yorkais Christopher Wool, salle capitulaire XIIIe et XIVe siècle
Promenade en coche d'eau sur la LoirE
La marine de Loire a connu ses heures de gloire jusqu'à l'apparition du chemin de fer. C'était en effet un moyen de transport de passagers utilisé au XVIIIe siècle. Les promeneurs visitaient ainsi les châteaux le long de la Loire et tenaient un journal, ancêtre des guides touristiques. Ils faisent des commentaires sur les auberges et les lieux visités. On retrouve également une iconographie importante consacrée à ces bateaux dans la faïence de Nevers. Des personnages célèbres utilisaient ces coches d'eau comme Madame de Sévigné qui voyageait avec son carosse sur le bateau ou Stendhal qui descendit la Loire sous un nom d'emprunt. Aujourd'hui, des guides conférenciers font revivre l'histoire passionante de la marine de Loire lors d'une navigation très agréable et reposante sur ces bateaux d'autrefois.
Coche d'eau, bateau traditionnel transportant des passagers Yvan Doirieux, guide conférencier
Coche d'eau sur les rives de la Loire Coucher de soleil sur la Loire
Nevers
La Faïence de Nevers
Idéalement situé sur la Loire, Nevers est déjà au XVIe siècle un centre de commerce très important. à cette époque, Louis IV Gonzague de Nevers demande aux frères Conrade d'importer l'art de la faïence d'Italie. L'émail bleuté est très prisé au XVIIe siècle. Le blanc pur est préféré au XVIIIe siècle. Fondée en 1648, la Manufacture du Bout du Monde de Nevers introduit le "noeud vert" à la fin du XIXe siècle. Peinte au dos, elle permettait de reconnaitre les faïences de la Manufacture. Cette marque distinctive fut ensuite adoptée par l'ensemble de la profession. En 1875, Henry Montagnon rachète la Manufacture du Bout du Monde et redonne à la faïence de Nevers une dimension internationale en participant aux expositions de 1878 et 1889. Aujourd'hui, des maîtres faïenciers continuent à perpétuer la tradition. Dans Nevers, un fil bleu au sol permet de suivre le chemin des faïenciers.
Faïence d'Art Montagnon, 2 aiguières crées pour l'Exposition universelle de 1889 Le noeud vert, signature de la Faïence de Nevers
Différents pigments utilisés dans la Faïence de Nevers Le Maître faïencier Laetitia Moreau dans son atelier de la "Faïence bleue", Nevers
Le musée de la Faïence
Ce musée est situé dans le site de l'abbaye Notre-Dame de Nevers où l'architecture moderne s'intègre parfaitement aux vieilles pierres du monument religieux. Les différentes salles, sculptures, figurines en verre émaillé du XVIIe et XVIIIe siècle, salons meublés du XVIIe et XVIIIe siècle, peintures du XIXe siècle montrent la richesse des collections du musée. La salle la plus importante est consacrée aux faïences. Sur 240 m2, des centaines de pièces exceptionelles classées par usage reflètent la richesse de la production de la faïence de Nevers depuis le XVIe siècle.
Musée de la Faïence, Nevers Les 4 étapes de la fabrication d'une faïence
Vasque décor mythologique Eugène Huilier manufacture "Le bout du monde" 1864 Vasque rafraîchissoir, graveur Michel Dorigny d'après Odoardo Fialetti vers 1680-1685
La ville historique
Riche d'un patrimoine historique remarquable, Nevers possède de très beaux monuments médiévaux comme l'Eglise Saint-étienne et la Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte ou renaissance comme le Palais Ducal. Nevers est affilié au réseau national des villes d'art et d'histoire. Ce label récompense les villes qui ont une politique d'animation et de valorisation de leur patrimoine.
Eglise Saint-étienne VIe siècle, Nevers Palais ducal XVe siècle, Nevers
Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte Julitte Xe siècle, Nevers Fresque de l'abside Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte Julitte, Nevers